Adaptación y traducción de Yann Bultez
Dans le culte mexicain, la célébration du Jour des morts (commémoré chaque année les 1er et 2 novembre), est un élément ancré dans sa culture. C'est une date à laquelle a lieu un retour transitoire des âmes des défunts, lesquels sont autorisés à revenir dans le monde des vivants une fois par an pour vivre avec leurs proches et se nourrir de l'essence des aliments qu'ils aimaient dans la vie, offrandes placés à cette occasion sur ces autels en leur honneur.
Rappelons que pour le Mexique, la mort est omniprésente, et dans cette célébration elle est matérialisée par un autel ou une offrande, un acte sacré avec des éléments profanes, où année après année les familles mexicaines déposent et partagent avec leurs défunts des plats typiques de la région, des boissons, des sucreries traditionnelles et le délicieux pan de muerto ou pain de la mort, accompagnés de décorations à base de papier mâché, de fleurs de cempasúchil ou oeillets d’Inde, d'encens, de résine de copal, de bougies et de photographies de leurs parents décédés et de leurs êtres chers. Dans certaines régions, ces autels sont placés directement sur les tombes, où ils sont décorés avec les éléments précités, et où les proches mangent avec eux et leur tiennent compagnie pendant cette date.
L'offrande du jour des morts est un autel qui reflète aujourd'hui le syncrétisme culturel entre l'ancien et le nouveau monde, dans lequel il est important qu'aucun des éléments suivants ne manque : de l'eau, du sel, des bougies, de la résine de copal, de l'encens, des fleurs de cempasúchil ou oeillet d’inde, du pain, une photographie du défunt, des crânes en sucre, des plats typiques, des boissons, des fruits de saison, du papier mâché et des représentations en forme de croix.
Autant l’autel que l’offrande ne peuvent pas manquer aux célébrations du Jour des Morts, car ils constituent la pièce fondamentale de cette tradition mexicaine qui continue d'être préservée. Dans le Village magique (Pueblo mágico) de Taxco de Guerrero, des offrandes sont placées dans certaines rues (Calle de Celso Muñoz, Calle de Palma, Casa Borda et Casa Humboldt, l'Atrium du Sanctuaire de la Veracruz et dans certaines maisons, à savoir que les habitants invitent les visiteurs à voir l'offrande).
C'est pourquoi, en installant un autel des morts, nous voulons honorer la mémoire et nous souvenir de l'héritage de Juan Ruíz de Alarcón y Mendoza, un personnage exceptionnel pour la ville de Taxco en raison du grand impact de son art pour la culture à l'intérieur et à l'extérieur du Mexique. Mais qui était Juan Ruíz de Alarcón ?
Né en 1572 de parents espagnols à Taxco (trois siècles plus tard Taxco de Alarcón) , dans l’État de Guerrero, Juan Ruiz de Alarcón est un criollo (créole) qui a vécu ses premières années dans une famille qui était riche grâce aux bénéfices de l'industrie minière et aux liens familiaux avec d'importantes personnalités politiques de l'époque, dont un vice-roi et un évêque de la Nouvelle-Espagne. Cependant, cette richesse s'érodera progressivement au fil des ans, obligeant la famille Ruiz de Alarcón y Mendoza à déménager dans la capitale en 1580-81. On sait peu de choses des années capitalines de Juan Ruiz de Alarcón : il a probablement étudié avec les Jésuites au Colegio de San Juan y San Pablo, puis a suivi des cours de droit canonique à l'Université de Mexico entre juin 1596 et avril 1600, avant d’obtenir son diplôme à l'Université de Salamanque après son premier voyage transocéanique.
Il n'existe aucune trace d'Alarcón démontrant qu’il exercait la profession d'avocat à Madrid, bien qu'il soit possible qu'il ait travaillé secrètement pour d'autres avocats et rapporteurs lors de différentes audiences. En effet, presque toutes si ce n’est toutes les comédies d'Alarcón - même celles inspirées ou conçues ailleurs - ont été écrites dans les années qui séparent son arrivée à Madrid de sa nomination comme relateur surnuméraire du Conseil des Indes (17 avril 1626) à Séville; et beaucoup d'entre elles ont été jouées avec succès dans divers endroits de Madrid. Il s'agit en fait, comme le dit l'auteur lui-même, de "divertissements licites de passe-temps, vertueux effets de la nécessité" ("lícitos divertimentos del ocio, virtuosos efectos de la necesidad" in
Dedicatoria al Excelentísimo Señor don Ramiro Felipe de Guzmán, Señor de la Casa de Guzmán, Duque de Medina de las Torres en la Parte primera de las comedias de don Juan Ruiz de Alarcón, 1628). C'est donc dans cette première étape madrilène qu'il faut placer l'essentiel de la production théâtrale d'Alarcón, brève mais d'une importance particulière dans l'histoire du théâtre espagnol, le tout suggérant une situation économique difficile qu'il a sans doute tenté d'atténuer par la littérature et le théâtre.
Les comédies d'Alarcón ont été publiées en deux parties : la première à Madrid en 1628 et la seconde à Barcelone en 1634 ; elles totalisent vingt textes, auxquelles il faut ajouter quelques comédies attribuées et certaines écrites en collaboration avec d'autres auteurs (Quelques exploits parmi les nombreux de Don Garcia Hurtado de Mendoza, marquis de Cañete (Algunas hazañas de las muchas de don García Hurtado de Mendoza, marqués de Cañete) , Madrid, Diego Flamenco, 1622).
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